La formation croisée Santé mentale et cannabis : problématiques chez les jeunes aura lieu le jeudi, 21 novembre 2019.
Les objectifs de l’événement sont de :
Mieux comprendre, par le partage d’expertise et de connaissances, les problématiques des jeunes à risque ou aux prises avec des problèmes de santé mentale et d’usage de cannabis et les interventions basées sur des données probantes leur étant destinées
Mieux comprendre le rôle de chacun des partenaires des différents services offerts dans nos réseaux
La journée s’adresse aux intervenants en provenance de différents réseaux (commissions scolaires, ressources communautaires, ressources spécialisées, police, santé mentale, etc.) qui travaillent auprès de clientèles jeunes (12 à 25 ans) à risque ou aux prises avec des problèmes de santé mentale et de consommation.
Elle se déroulera à l’Institut Douglas et sera diffusée par visioconférence, Zoom dans les sites participants et en formule Facebook Live sur notre page Formation croisée
Traitement du trouble de l’usage du cannabis : bilan critique et perspectives
Cette présentation de Karine Bertrand et Marianne Saint-Jacques, qui s’est déroulée en visioconférence dans le cadre du Séminaire annuel Convergence, recherche et intervention – CRI 2018, a été l’occasion de présenter un bilan critique du traitement du trouble de l’usage du cannabis et de dégager des perspectives.
Rappelons que le trouble de l’usage du cannabis, selon les individus, peut être un trouble de nature transitoire ou chronique. Dans ce dernier cas, il est important d’adapter les interventions et services aux personnes qui ont besoin d’aide sur une plus longue période de temps.
Parmi les éléments qu’il faut retenir de cette présentation, les principaux sont les suivants :
Il n’y a pas de mauvaise porte d’entrée «No wrong door»: faciliter l’accès et la continuité
Planifier le traitement au long cours: les relances, la réévaluation des besoins et le soutien/référence selon les besoins
La réadmission: d’un critère d’échec à un critère de succès thérapeutique
La relation: un travail en continu qui s’inscrit dans le temps et qui nécessite d’être proactif
Valoriser les capacités vs emphases sur les lacunes
L’engagement et la rétention en traitement: des cibles prioritaires
Le TU au cannabis émerge typiquement à l’adolescence, il est important d’intervenir précocement :
Sans attendre une demande d’aide claire
Nécéssité du travail de proximité
SBIRT (Screening, Brief Intervention, and Referral to Treatment) comme un maillon important de la chaîne de confiance
Les technologies de l’information et de la communication (TIC) : prometteur tant pour rejoindre les usagers de cannabis n’ayant jamais utilisé de services que pour favoriser un engagement ou un réengagement dans un suivi spécialisé
Karine Bertrand, Ph. D., professeure titulaire, Programme d’études et de recherche en toxicomanie, Université de Sherbrooke Marianne Saint-Jacques, Ph. D., professeure agrégée, Programme d’études et de recherche en toxicomanie, Université de Sherbrooke.
Cette conférence présente les activités de l’organisme communautaire Projet Cumulus dont la mission est d’accompagner les personnes et les communautés dans une démarche de prévention quant à leur relation avec les substances psychoactives.
Dans une perspective d’approche globale qui est centrée sur l’individu, les intervenants préconisent l’approche de la gestion expérientielle ainsi que les techniques de l’entrevue motivationnelle. Cette approche a pour objectif de permettre aux individus de réfléchir à la meilleure façon de vivre leurs expériences pour maximiser le plaisir et minimiser la douleur et la souffrance et ce, tout en respectant leurs limites (mode de vie optimal). Cette approche n’impose rien, mais travaille avec la motivation personnelle que possède tout individu à vouloir gérer ses expériences pour en retirer un maximum de plaisir.
Projet Cumulus déploie différents programmes, services et projets de prévention des toxicomanies qui visent à intervenir sur les habiletés des individus afin de les accompagner dans leurs choix, tout en misant sur le partenariat en collaborant avec différents acteurs des communautés.
Plus spécifiquement, l’accompagnement des jeunes s’effectue dans le souci de prendre le temps de créer un lien avant de faire un plan d’intervention. Cette approche permet de mieux situer la consommation de la personne dans sa vie : les motifs de consommation, ses sources de plaisir, incluant la consommation.Ainsi, il est possible de valider et de l’accompagner dans l’identification de ses besoins, ses objectifs et sa motivation quant aux changements à effectuer.
Cette conférence propose un tour d’horizon du programme de Traitement pour les Utilisateurs de Marijuana à l’Adolescence (TUMA) qui vise à accueillir les adolescentes, adolescentes à tout moment dans leur cheminement et à les accompagner dans leur réflexion sur leur consommation, les facteurs de risque qui y sont associés et améliorer leur santé, bien-être et leur fonctionnement en général.
Les modalités de traitement et principes de base s’inscrivent dans une approche cognitivo-comportementale et motivationnelle.
Principes de base :
Exprimer de l’empathie et comprendre le vécu de l’adolescent.
Établir des objectifs personnels, significatifs et réalistes.
Développer l’écart dans l’ambivalence.
Surmonter les résistances en vue de changer les comportements de consommation.
Favoriser l’espoir de changement.
Ce programme est offert dans le cadre de la Clinique Réseau jeunesse (CRJ) dont les le profil de la clientèle présente des problèmes sévères et complexes du comportement, qui est parfois engagée dans la criminalité, ou encore qui a parfois déjà reçue des services en dépendance dans le passé.
La conférence présente les contenus des différentes séances, ainsi qu’un aperçu du matériel utilisé avec les jeunes, par exemple une grille d’auto-observation de sa consommation et autres outils favorisant la réflexivité.
Nicole Perreault, psychologue/conseillère planification-recherche à la Direction de la santé publique de Montréal propose, dans cette présentation de clôture de la journée de formation croisée sur le cannabis et la santé mentale, une synthèse des conférences sous l’angle de la tolérance au doute et à la complexité.
Placé sous l’éclairage de la légalisation imminente, il peut être rassurant de considérer que le cannabis n’est pas inconnu; le savoir déjà existant sur cette substance, sa consommation, ses risques et les traitements possibles est mis en perspective afin de mieux développer notre tolérance à l’incertitude face à sa légalisation, tout en conservant un esprit critique.
D’autre part, les ateliers ont mis en exergue la volonté des différents acteurs du réseau de placer la personne au centre des interventions, de prendre en considération son caractère unique et son contexte particulier, et d’améliorer les services en travaillant en équipe, de concert avec d’autres organisations, notamment les écoles.
Nicole Perreault, Ph. D., psychologue/conseillère planification-recherche, Direction de la santé publique de Montréal.
Le terme «troubles concomitants» désigne une présence simultanée d’un problème de dépendance et d’un trouble de santé mentale, ce dernier pouvant être difficile à dépister, diagnostiquer et à traiter.
Dans le cadre de cette formation croisée, nous nous intéressons plus particulièrement au cannabis et ses effets potentiels sur la santé, une relation complexe car les connaissances sur la substance continuent à évoluer. Il est donc important de conserver un esprit critique et d’être conscient des limites de la littérature à ce sujet.
Cannabis et fonctions cognitives
On observe que les effets à court terme de la plupart des fonctions cognitives sont le plus souvent réversibles. Il peut toutefois y avoir persistance de déficits chez certaines personnes à moyen terme. En ce qui concerne les effets permanents associés à la consommation, il n’existe pas encore de consensus scientifique à cet égard.
Importance du dépistage et du diagnostic
La détection de l’existence de deux problématiques à traiter est primordiale. L’intervenant ne doit pas être intimidé par la complexité du portrait clinique et ne pas être déstabilisé par la difficulté de poser un diagnostic précis rapidement. Les données indiquent qu’il faut adresser les deux problématiques, mais que cela peut généralement se faire en appliquant les principes habituels de bonne pratique pour les deux conditions.
On aborde également dans la conférence les défis du diagnostic d’un trouble psychotique primaire, du trouble psychotique par le cannabis, d’un trouble de santé mentale (primaire ou induit), en présentant quelques indices les distinguer.
Intervention et traitement
Dans un premier temps, l’intervenant doit se questionner à savoir comment son expertise peut être mise à contribution pour aider la personne. Par ailleurs, il existe plusieurs services pour soutenir les équipes dans l’approche de la personne souffrant de troubles concomitants, par exemple le Service de soutien-conseil aux établissements et aux équipes de santé mentale et dépendance, le Programme de télémentorat ECHO® troubles concomitants, le Service d’information et de formation, veille informationnelle, etc.
On aborde également dans la présentation le traitement pharmacologique des troubles de santé mentale et le traitement du cannabis chez les personnes souffrant de troubles sévères de santé mentale.
En résumé
Prendre en considération les deux problématiques, et ne pas oublier l’une ou profit de l’autre
Réseauter: connaître des ressources/personnes avec des expertise différentes et complémentaires
S’améliorer: formation/mentorat/soutien pour peaufiner sa capacité à intervenir auprès des personnes avec un trouble concomitant
Dr. Didier Jutras-Aswad, MD, MSc, président, Centre d’expertise et de collaboration en troubles concomitants du RUIS de l’Université de Montréal et professeur agrégé de clinique, Département de psychiatrie et d’addictologie, Université de Montréal.
Les représentations sociales du cannabis évoluent dans le temps, comme en témoigne la légalisation du cannabis au Canada. Sans banaliser son usage, il n’est pas souhaitable de le dramatiser non plus; les intervenants sont invités à adopter une position mitoyenne entre ces deux pôles de perception.
Cette présentation aborde avec nuance la dangerosité associée à la substance ainsi que diverses limites liées aux études sur le cannabis, en soulignant notamment l’importance de faire la différence entre corrélation et causalité; entre le risque absolu et relatif.
Petit portrait du cannabis
La substance peut prendre plusieurs formes dont la concentration de THC peut varier considérablement en fonction du procédé d’extraction, tels que le hachich ou l’huile par exemple.
Le mode consommation s’effectue principalement par inhalation, vaporisateur, cigarette papier ou électronique. Le cannabis peut également être ingéré sous forme d’aliments comestibles.
Les principaux cannabinoïdes sont le delta‑9‑tétrahydrocannabinol (THC), et le cannabidiol (CBD). C’est le THC qui produit les effets d’euphorie, d’anxiété, voire de paranoïa. Le CBD, pour sa part, est un anxyolitique et antiphychotique. Il est à noter que l’effet d’une substance peut varier beaucoup, selon les sensibilités des consommateurs.
Les effets recherchés
Parmi les effets recherchés par les consommateurs dans le cadre d’un usage récréatif, on retrouve notamment le désir de se connecter avec les autres, l’accentuation des sens (goût, ouïe), se sentir plus créatif, se détendre et relaxer.
Réduction des méfaits
Il est important de conserver à l’esprit qu’il faut concevoir la consommation de cannabis sur un continuum, comme l’illustre l’image ci-contre. Parmi les pistes de réflexions présentées, soulignons particulièrement le guide «Sensible Cannabis Education. A Toolkit to Educating Youth» disponible sur Internet.
Jean-Sébastien Fallu, Ph. D., chercheur, Institut universitaire sur les dépendances, CIUSSS Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, professeur agrégé, École de psychoéducation, Université de Montréal Laurence D’Arcy, Ph. D., chargée de projets/spécialiste en dépendance, Institut universitaire sur les dépendances.
La session d’échanges « Santé mentale, consommation et inaptitude : aspects légaux et éthiques de l’intervention auprès de clientèles adultes et aînées » a été mise sur pied grâce au soutien de la Fondation Molson et de l’Association des intervenants en dépendance du Québec.
Le programme, le cahier du participant, les présentations PowerPoint des conférences qui a ont eu lieu le 25 novembre 2017 à l’Institut Douglas sont disponibles ci-dessous et permettent d’aborder:
Les concepts de base en lien avec les notions d’aptitude, d’inaptitude et de consentement
Les causes de l’inaptitude
Les principaux aspects légaux liés à l’inaptitude dans un contexte d’intervention
Des enjeux cliniques de l’intervention
Les ressources disponibles
Le matériel didactique s’adresse à toute personne impliquée auprès d’adultes ou d’ainés à risque ou aux prises avec des troubles de santé mentale ou consommation.
La formation croisée (cross-training en anglais) est une approche de plus en plus utilisée pour améliorer le fonctionnement des services en réseau. Elle vise une meilleure compréhension du rôle de chacun des partenaires pour assurer ainsi une continuité des services plus optimale.
La formation croisée (cross-training en anglais) est une approche de plus en plus utilisée pour améliorer le fonctionnement des services en réseau. Elle vise une meilleure compréhension du rôle de chacun des partenaires pour assurer ainsi une continuité des services plus optimale. Le programme montréalais de formation croisée sur les troubles concomitants de santé mentale et de toxicomanie comprend deux éléments fondamentaux :
Sessions d’échanges en ateliers
Lors de sessions d’échanges en ateliers, des participants provenant de différents réseaux sont invités à discuter de cas cliniques réels et à échanger entre eux sur les modalités à mettre en place en vue d’une prise en charge optimale du client. Pour chaque atelier, un modérateur veille au bon déroulement de la discussion alors qu’un rapporteur est chargé de noter les points principaux des échanges. Suite à la présentation d’une synthèse des discussions de l’ensemble des ateliers, un panel d’experts est appelé à réagir et à interagir avec l’auditoire. Ces sessions d’échanges permettent à chacun de connaître les ressources du territoire, de créer de nouveaux liens et de rapporter certaines de ces connaissances dans leur équipe respective.
Rotations de personnel
Les rotations de personnel prennent la forme de courts stages d’observation d’une journée ou parfois d’une demi-journée. Ces stages permettent à chacun de se familiariser avec des personnes oeuvrant dans une autre ressource, voire même dans un type de ressource tout à fait différent de celui où oeuvre le stagiaire.Par exemple, une infirmière qui travaille dans une unité de psychiatrie à l’Institut Douglas peut passer une journée dans une ressource communautaire comme L’Autre Maison, ou encore dans une ressource en toxicomanie tel le Centre de réadaptation en dépendance de Montréal – Institut Universitaire. Elle sera alors en mesure de mieux connaître les personnes qui y travaillent, leur mandat et leur façon d’intervenir auprès de la clientèle. D’une part, ceci facilitera les contacts le jour où elle aura besoin d’y référer un patient, et d’autre part cela lui permettra de mieux comprendre l’expérience d’un patient que cette ressource lui aura référé.